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Caractères arméniens |
La tradition rapporte que Saint Mersop eut une illumination lui révélant le dessin des caractères de la main même de Dieu, gravant leur forme dans une pierre :
La première phrase écrite avec ce nouvel alphabet est le verset 2 des Proverbes :
...destinés à faire connaître la sagesse, à donner léducation et lintelligence des sentences pleines de sens,...
Deux lettres furent ajoutées au XIIe siècle, portant leur nombre total à 38 :
pour noter correctement la diphtongue [au] qui était devenue un [o], et
pour noter le son « f » dans les mots étrangers (il nexiste pas en arménien). Par exemple pour désigner les « Francs ».
Actuellement la langue arménienne connaît plusieurs variantes :
- le krapar, langue ancienne (Ve au VIIe siècles) maintenant langue liturgique,
- larménien oriental, en Arménie historique, soviétique et actuellement indépendante et en Iran,
- larménien occidental, dit « de Constantinople », originaire des provinces occidentales de lArménie ; de nos jours, langue de la diaspora (Amérique, Europe, Proche-Orient) et du Liban, car ce sont surtout les Arméniens des provinces occidentales qui ont émigré.
Les différences entre ces deux dialectes (qui existent sous leur forme actuelle depuis environ deux siècles) concernent la grammaire, certaines terminaisons verbales, et surtout une inversion de la plupart des couples de consonnes voisées-dévoisées (p/b, k/g, t/d). Un Arménien de diaspora connaissant bien la langue et un Arménien né en Arménie (ex-)soviétique peuvent néanmoins se comprendre ; à titre de comparaison, la distance serait moins grande entre ces deux dialectes quentre le français et le québécois. Le krapar, en revanche, est plus lointain de la langue moderne, moins cependant que le latin de lÉglise Catholique davant Vatican II du français courant. Ces trois formes sécrivent avec le même alphabet.
Pour être plus précis, il faut en fait distinguer entre habitudes de prononciation (accent) qui rendent le krapar et larménien oriental ressemblants, et différences grammaticales (ordre des mots, orthographe, déclinaisons, conjugaisons) surtout importantes entre le krapar et larménien moderne. Pendant la période soviétique, des simplifications abusives de lorthographe ont été imposées, qui compliquent du coup la lecture du krapar. Au point que certains Arméniens élevés à lécole soviétique sont persuadés que le krapar ressemble à la manière de parler occidentale... En diaspora, lincompréhension du krapar est encore plus grande, beaucoup dArméniens parlant déjà peu leur langue courante (il sont bien intégrés, voire assimilés...) et ne connaissant pas tous lécriture. On observe néanmoins un renouveau, en France tout au moins, et les enfants arméniens peuvent maintenant apprendre à lire et écrire larménien (moderne), comme par exemple à Lyon avec une école privée créée par lÉglise.
La prononciation donnée ici est la prononciation orientale, qui est aussi celle du krapar. La prononciation occidentale (de la diaspora et à Constantinople), lorsquelle diffère, est donnée en italique. Léquivalent en alphabet phonétique international est donné entre crochets en bas à droite. La translittération donnée ici est celle dite de Hübschmann-Meillet-Benveniste, et sert officellement à écrire en caractères latins les mots arméniens. Les noms de lettres sont suivis, quand il y a besoin, de leur prononciation en écriture française courante mise entre parenthèses.